Mireille Palluet, la peintre du rouge
Vous avez déjà eu le plaisir, dans l’Ephémère galerie, de découvrir Mireille Palluet cette artiste peintre rochelaise surnommée « la peintre du rouge » par les japonais. Si je vous parle d’elle aujourd’hui, c’est que s’ouvre, ce soir, une exposition importante pour elle, dans une galerie parisienne : la galerie Etienne de Causans, 25 rue de Seine (dans le 6ème arrondissement) jusqu’au 04 février.
Mireille, c’est la magie ! Des couleurs vives, brutes, lumineuses ! Ses toiles abstraites respirent la joie de vivre. Ce qui est étrange d’ailleurs, car elles sont issues de ses insomnies bien souvent.
« Je dessine tous mes tableaux sur des enveloppes ! Rien que des enveloppes… Je ne sais pas pourquoi d’ailleurs. J’en ai des cartons entiers dans mes placards. »
Des cartons entiers ? Oui vous avez bien lu : des cartons entiers ! Ce sont 2.214 tableaux qui ont été réalisés depuis 1972, année où elle a débuté, par hasard, ce long chemin de couleurs.
C’était une jeunette quand elle a commencé à peindre. Elle était encore coiffeuse à l’époque. Son patron, homme généreux s’il en est, venait de perdre son épouse, et n’avait plus envie d’aller dans sa maison de Marans. Sans personne, cette maison se serait délabrée, alors il a proposé à Mireille d’y passer ses week-ends avec son mari et ses 2 filles. Il lui a confié les clés… Cette générosité était le départ d’une longue aventure.
Une jolie rivière bordait la maison dans le fond du jardin. Et un jour plus ensoleillé que d’autre, elle a regardé ce havre de paix triomphait dans cette verdure. La porte d’un chai était ouverte. Une ombre se dessinait près d’une murette où des glaïeuls trônaient en vainqueurs. Le soleil omniprésent embrasait l’ensemble. Saisie par cette quiétude, envahie par cette beauté, elle a voulu immortaliser le moment, pour en garder l’éternité près d’elle. Alors elle a couru dans la maison. Elle a juste trouvé quelques crayons de couleurs et du papier… Ce fût le premier dessin… S’en est suivi une véritable passion. Un feu brûlant qui la dévorait. Devant cette obsession de saisir les instants qui passent, son cher mari Christian, lui a offert des cours de peinture.
C’est au coin d’une rue, encore par hasard, qu’elle a rencontré son mentor : Pierre Trassard. Mireille fût la dernière élève de ce peintre parisien. Homme humble, discret mais exigeant, l’artiste habitait 6 mois de l’année à St Mandé en région parisienne et 6 mois à La Rochelle, aux beaux jours. Pendant l’absence de son professeur, Mireille travaillait d’arrache-pied pour se perfectionner, jour après jour. A son arrivée, le verdict tombait : satisfait ou pas de son élève. Les années passant, elle progressait, acquérait différentes techniques et affinait son style.
« Je n’ai plus rien à t’apprendre Mireille » lui dit-il un jour…
Elle avait évolué, trouvé sa propre personnalité, son propre coup de pinceaux…
Anxieuse et inquiète de nature, Mireille est une artiste perfectionniste, presque maniaque et pourtant fragile, protégée par la relation fusionnelle qu’elle entretient avec son époux.
« Ce n’est pas simple de vivre avec une artiste devant ses angoisses. Elle cherche la perfection dans l’imparfait… Mais quand on s’aime depuis plus de 50 années… » dit-il avec tendresse en la couvant du regard.
Ils font partie de ces couples dont la longévité est un incroyable périple d’amour, et d’épreuves aussi, qui forgent leur solidité. On retrouve cet amour dans ses toiles acryliques ou à l’huile, parfois les deux ensemble. L’amour, un des nombreux thèmes qu’aborde Mireille dans ses tableaux.
Mais c’est la vie en général que nous pouvons déceler dans les 7 périodes qu’elle a traversées depuis le début. Quand elle excelle dans l’une, elle en change, courant toujours après cette fameuse perfection malgré les centaines de toiles qu’elle a vendues, et ses si nombreuses expositions en France, en Suisse, aux Etats-Unis ou encore au Japon… Faire toujours mieux, pas trop, juste ce qu’il faut… Comme l’interview que nous avons faite dans son atelier, joyau de leur sublime maison d’architecte, faite de cuivre, de zinc et de verre, lieu de refuge paisible de ces 2 amoureux.
Je ne sais que vous dire, si ce n’est que Mireille est ma plus belle rencontre et que j’admire leur amour inconditionnel. J’aime sa peinture, j’aime ce qu’elle est, ce qu’ils sont… Et encore une fois, c’est une histoire de hasard… Juste parce que je suis tombée en amour devant une de ses toiles dans un salon de thé rochelais près du vieux port…